• Voici un article de presse récemment diffusé vous informant sur le métier d'architecte paysagiste que j'assume dans ma vie de tous les jours.

    Quand route et paysage s’harmonisent, l’environnement prend tout son sens!

     Entrevue virtuelle

    Fabien Lecours, architecte-paysagiste à la Direction de la Chaudière-AppalachesPhoto : France Charrier

     

     

    France CharrierConseillère en communication, Direction des communications

     

    Au Ministère, l’architecte-paysagiste est une denrée rare 1 . Pourtant, il entretient une relation presque romantique avec l’environnement, là où le réseau routier s’étend.

    Dans le cadre d’un nouveau projet ou de la correction du tracé d’une route, l’architecte-paysagiste voit au confort et à la sécurité des différents règnes (végétal, animal, humain). Il perçoit l’avantage de marier le fonctionnel à l’esthétique, participe à la synergie des compétences multidisciplinaires du service et crée des « ponts » entre le Ministère et les milieux municipaux pour qu’intérêts et aspirations convergent au meilleur coût possible. De plus, il utilise les outils à sa disposition (végétaux, engazonnement, armature végétale) pour assurer la stabilisation des sols et contribuer ainsi à la pérennité des ouvrages.

    Voir , percevoir, prévoir en 3 dimensions

    En Chaudière-Appalaches, Fabien Lecours considère les différentes dimensions du paysage et s’insinue à en exalter le sens. Pas simplement le directionnel, mais celui chargé de significations par les gens du milieu. Au Ministère depuis 25 ans, cet homme au regard pétillant vise le sens de l’esthétique et l’élégance des moyens pour y arriver, ne perdant jamais de vue la protection de l’environnement et le développement durable.

    Parmi les piles de documents rassemblés sur la table et les échantillons de cordes tressées dont je comprendrai l’utilité plus tard, Fabien entame le sujet, à peine entré dans la salle d’entrevue.

    « Pour l’architecte-paysagiste, une étude visuelle sur le paysage du milieu qu’il est appelé à modifier est le premier pas à franchir pour étudier tous les éléments qui le composent et qui peuvent influencer les résultats du projet. Comment et par qui (commerçants, résidents, administration municipale) est vu et perçu le paysage est aussi un aspect essentiel qu’il considère pour une métamorphose optimale.

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    Bassin de rétention d’eau pour créer des habitats fauniques dans les bretelles de l’échangeur de la route du Golf à Beauceville. Photo : Fabien Lecours

    « La participation de l’architecte-paysagiste débute dès l’étude d’opportunité, précise notre spécialiste. À l’étape d’une étude de tracés et lors de l’élaboration d’un avant-projet, nous découpons le paysage en unités. Nous analysons sa visibilité, sa cohérence, son intérêt afin de lui attribuer une valeur environnementale. Plus tard, l’étude d’impact débouche sur l’élaboration de cartes d’impacts. Pour chacun d’eux, une mesure d’atténuation est proposée, réduisant les effets négatifs ou tirant partie d’une opportunité de mise en valeur, s’il y a lieu. Ainsi, des zones d’empierrement seront couvertes de végétaux, des bordures de cours d’eau perturbées seront végétalisées, des plantations s’harmoniseront aux boisés existants, des sablières seront verdies, des écrans visuels seront érigés, des aménagements incitant à diminuer la vitesse de roulement tempèreront la circulation à l’entrée d’une agglomération, etc.

    « Contrairement à ce que plusieurs pensent, l’architecture paysagère c’est plus que du maquillage. Dans le domaine du transport, les réalités sont souvent complexes. Elles comportent des aspects légaux, de sécurité des usagers, de culture locale, d’environnement, de biodiversité, de préservation des ressources, d’ingénierie, bien évidemment. C’est donc la mise en relation d’information scientifique, technique et culturelle qui nous permet d’échafauder des scénarios et d’élaborer par la suite les plans et devis », poursuit Fabien.

     

    Une équipe multidisciplinaire, complémentaire

    Fabien exerce sa profession avec Karine Morel, qui a une formation en horticulture. Tous deux travaillent dans le secteur de l’environnement du Service des inventaires et du Plan. Ce dernier est aussi constitué des secteurs liés à la biologie, à la faune, à l’urbanisme, à l’aménagement du territoire.

    « C’est le Service des inventaires et du Plan qui entreprend les projets à la suite de demandes résultant soit d’un problème cerné par une municipalité, soit à la suite d’accidents ou en raison d’une anomalie détectée sur le réseau routier, soit dans le contexte d’un nouveau projet. C’est ici qu’on analyse les besoins », affirme-t-il.

    « Faire l’inventaire, c’est procéder à l’analyse du paysage et des observateurs, les fixes comme ceux qui se déplacent dans l’environnement concerné (cyclistes, résidents, touristes, etc.). Notre travail est articulé autour de trois fonctions : le confort et la sécurité des usagers, la technique (stabilisation de talus, de sols, contrôle de l’enneigement) et l’esthétique.

    « Je travaille avec les collègues de différentes disciplines, mais aussi avec les municipalités. Nous devons considérer leur règlementation, consulter les guides touristiques et nous enquérir de projets potentiels d’aménagement sur leur territoire. »

    Son esprit : préserver, valoriser, renforcer le sens

     

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    Mise en valeur exécutée par la municipalité de Laurier-Station à l’occasion du réaménagement du boulevard Laurier. Photo : Fabien Lecours

    Outre la réalisation fonctionnelle d’un projet, Fabien doit composer avec les nombreuses variables du monde vivant, inévitablement touché par les travaux du Ministère. «  Le développement durable nous amène à axer nos interventions en harmonie avec la nature et ses écosystèmes, et à préserver la qualité de vie. Ce sont les orientations ministérielles, mais aussi gouvernementales.

    « Par ailleurs, la conscience globale de plus en plus aigüe que nous avons collectivement commande que nous intégrions ces ensembles dans un tout cohérent. Ainsi est née la notion de valorisation des ressources en place. Certaines de nos réalisations deviennent même identitaires. » Son plus récent projet, le réaménagement du boulevard Laurier à Laurier-Station, en est un exemple. Le maire de la ville a profité de cette réhabilitation pour acheter le terrain qui devait être exproprié et l’aménager en parc avec une fontaine, aux abords de l’artère. Cette dernière, dorénavant plus attrayante, est devenue la porte d’entrée de la ville et un lieu d’accueil pour les résidents.

    Des tonnes de façons de faire, mais privilégier les forces du vivant

    Bande boisée, bassin de rétention d’eau, trappe à neige, sautoir, matelas de stabilisation des pentes (tapis de cordes tressées déposés sur la table), technique de nivellement ou de dénivellement de terrain, carrefour giratoire, l’imagination de Fabien n’a pas de limite pour préserver la sécurité des usagers, atténuer les contraintes d’un projet routier ou embellir un coin de paysage. Ce ne sont que des exemples de sa batterie de moyens.

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    Brise-vent en bandes boisées exécuté à Saint-Évariste en bordure de la route 108 pour le contrôle de la neige.
    Photo : Fabien Lecours

    Au fil des ans, Fabien a appris à maîtriser la conception de brise-vents pour améliorer les conditions de conduite hivernale. « C’est un élément de sécurité très important dans certains endroits périlleux, si je pense à l’autoroute 20 vis-à-vis de Saint-Michel-de-Bellechasse ou à la route 277 à Saint-Henri et Saint-Anselme, affirme-t-il. Mais nous disposons de plusieurs options, selon les conditions naturelles du milieu. Une bande boisée s’avère souvent plus efficace qu’une clôture, en plus de produire un habitat faunique et de participer à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le seul hic, c’est de diversifier les essences d’arbres pour prévenir les attaques d’insectes qui pourraient détériorer le brise-vent. Des monticules surplombés de plantations servent aussi de brise-vent. Les plantations offrent beaucoup plus d’avantages et empêchent la neige d’arriver sur la route. Même la couleur des végétaux pour l’aménagement de ces carrefours est pensée en fonction de la sécurité, le jaune marquant la vigilance et l’attention, en saison chaude, bien sûr!

    Enfin, selon la géographie des régions, le type de brise-vent peut différer », conclut-il.

    Ses réalisations actuelles et passées

    Vous pouvez imaginer que, depuis 25 ans, Fabien a réalisé beaucoup de projets en Chaudière-Appalaches, dans l’est du Québec jusqu’à Amqui, à La Baie, après le déluge de 1996. Il a travaillé sur le projet de carrefour giratoire de Saint-Henri-de-Lévis, à l’aménagement paysager de l’autoroute 73, au verdissement de la porte d’entrée de Beauceville et sur différents axes routiers problématiques de la région.

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    Insertion du tracé de la route 132 dans la traversée de l'agglomération d'Amqui.
    Photo : Fabien Lecours

    Un projet dont il est particulièrement fier et qui illustre toutes les précautions qui sont prises est celui de l’artère 132 à Amqui. « Le projet initial prévoyait une route à quatre voies. Sur le plan fonctionnel, c’était « cinq étoiles »; au point de vue de l’intégration dans le milieu, la cassure était totale. Nous nous sommes concertés et avons approfondi notre analyse. Nous en sommes arrivés à une vision plus globale qui justifiait la modification de la première conception tout en réunissant les volets sécurité, fonctionnalité, signification, en plus d’y ajouter une touche d’esthétique. Nous avons marié d’autres volontés du milieu, de sorte que le projet est devenu une réalisation collective : la Ville d’Amqui et les commerçants de l’arrondissement immédiat ont contribué financièrement à embellir le projet. Une option gagnante qui a confirmé la vocation de la ville comme étant un lieu urbain.

    Les tendances à l’horizon 

    « Présentement, nous recourons à la 3D pour illustrer la finalité d’un projet et faciliter la compréhension de nos interventions par les citoyens. Au lieu d’être utilisé à la fin d’un projet, la 3D pourrait devenir un outil de design au service du concepteur pour l’assister dans la validation de l’intervention qu’il propose (distance de visibilité, emplacement d’un écran visuel, etc.). Un jour, ce sera certainement normal de fonctionner ainsi, fait remarquer Fabien.

    « Nos approches sont axées sur la valorisation des milieux et la préservation de la flore et de la faune. Nos projets routiers doivent s’intégrer, voire se fondre harmonieusement dans le paysage. Jumeler les besoins et les intérêts, réduire les contraintes et embellir dans la mesure du possible, voici les objectifs que je cherche constamment à atteindre.

    « Cette profession jumelle mon côté artiste et mon goût pour la nature. De plus, le fait de travailler dans et avec les municipalités me garde en lien avec mes origines rurales. Originaire de la Montérégie, j’ai été élevé sur une ferme. En choisissant cette profession un peu par hasard, j’ai réuni plusieurs de mes intérêts. Que demander de mieux? »

    En terminant, j’en profite pour mentionner que Fabien Lecours a deux romans à son actif et qu’il travaille présentement à un troisième. Au plaisir de le lire!

    1 Présentement, il reste sept architectes-paysagistes au Ministère : deux à la Direction de la Capitale-Nationale, deux à la Direction de l’Est-de-la-Montérégie, un à la Direction de l’Île-de-Montréal, un au Service de l’environnement et Fabien Lecours à la Direction de la Chaudière-Appalaches.

     

     

    Biographie:

     

       Ma petite famille.  Moi-même, Simon et Aline
     
    LIGNE DE VIE:

    Je suis né à Saint-Antoine-sur-Richelieu.

    J'ai eu la chance de vivre sur une ferme laitière et de profiter de la rivière Richelieu: pêche, glissade, baignade, patinage...

    J'ai obtenu un diplôme en Architecture de paysage à l'Université de Montréal.

    Au début de ma carrière, j'ai travaillé à Trois-Rivières et par la suite à Québec là, où j'ai rencontré l'amour de ma vie: Aline.

    Je vis maintenant à Cap-Rouge à quelques minutes d'une rivière et du fleuve.

    MES RÉALISATIONS: 

    Je faisais partie du comité fondateur de la bibliothèque muncipale dans ma paroisse natale.

    J'ai été impliqué dans les organisations des loisirs: carnaval, rally, exposition artisanale.

    Mes implications dans le théâtre amateur m'ont permis de vaincre ma timidité.

    Même si je ne connaissais pas la musique, j'ai déjà dirigé une chorale pour l'organisation de messes animées.

    J'ai publié mon premier roman chez les Éditions Atma en mars 2005 et mon deuxième roman chez les Éditions Pour Tous en avril 2008.

    Participation au Salon du Livre de Québec en 2005, 2006 et 2009 et au Salon du livre de Montréal en 2005 et 2008

    POUR EN SAVOIR DAVANTAGE, CONSULTEZ MA CHRONIQUE : DES EXTRAS!.
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  • Ingrédients:

    1/2 kg de boeuf ou de veau coupés en cubes de 1,5 cm
    400 ml de bouillon de boeuf (style Campbells)
    2 cuillérée à table de base de sauce au boeuf en poudre (facile à trouver dans la section en vrac)
    1 cuillérée à thé de fécule de maïs (corn starch)
    1 à 2 cuillérée à thé de romarin séché non moulu
    1/2 cuillérée à thé de sauge séchée moulue
    Sel et poivre mais pas nécessaire donc, attendre de goûter avant d'en ajouter

    Enfariner les cubes de boeuf ou de veau et les rôtir dans la poêle.

    Mélanger un peu de bouillon avec la fécule et la sauce de boeuf en poudre, placer dans un chaudron et ajouter le reste du bouillon. Faire bouillir à feu moyen et baisser à feux doux.  Ajouter les cubes de boeuf ou de veau. Ajouter le romarin et la sauge.  Continuer à faire cuire à feu doux pendant quelques heures. Durant la cuisson, brasser régulièrement et ajouter un peu de bouillon si la sauce est trop épaisse.

    Servir avec des pommes de terre, du riz ou des nouilles. Les betteraves bouillies seraient un excellent accompagnement.

    Bon appétit.


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     Pauvre petit mine...
     
    Pauvre petit mine,
    Tu ne seras plus là
    À chaque matin
    À te lécher les babines
    Pendant que  j'avale  ma toast au beurre de peanut.

    Lorsque tu es arrivé dans ma demeure,
    Je ne pensais pas réussir à t'endurer.
    En un seul mois tu as mangé mon canapé,
    Trois paires de pantoufles, toutes mes bas et mes souliers.
    Même une armée n'aurait pas fait pire.
    Par chance que je t'ai dégriffé
    Avant que ma table de cuisine soit toute trouée
    Et que mes plantes te servent de pâté.
    Tu peux dire que tu m'en as fait voir de toutes les couleurs
    Personne n'aurait pu prédire
    Qu'un jour je pleurerais ton départ
    Comme si mon père était mort.

    Pauvre petit mine,
    Tu ne seras plus là
    À chaque matin
    À te lécher les babines
    Pendant que  j'avale  ma toast au beurre de peanut 
     
    Tu étais mon réveil matin,
    Le premier sourire de ma journée.
    Tu endurais toutes mes sautes d'humeur
    Sans rouspéter.
    Je pouvais  te confier tous mes secrets,
    Sans que tu puisses les répéter.. 
    Même si parfois je devais te disputer
    Tu savais te faire pardonner
    Lorsque tu grimpais sur mes genoux
    Avec tes beaux yeux doux.
    Lorsque je partais tu étais toujours inquiet
    Et je te quittais en me pilant sur le coeur

    Pauvre petit mine,
    Tu ne seras plus là
    À chaque matin
    À te lécher les babines
    Pendant que  j'avale  ma toast au beurre de peanut 

    Tu auras été mon copain le plus fidèle.
    Celui qui aura le plus usé mon lit.
    Tu n'avais pas le droit me quitter!
    Pourquoi t'es-tu jeté
    Sous les roues de l'auto du boucher?
    Était-ce pour te venger
    Parce qu'il refusais que tu entres chez lui?
    Tu aurais du voir son visage lorsqu'il m'a ramené
    Ce qu'il restais de tes os.
    Qu'il avait ramassé à la pelle.
    Tu ne peux pas savoir comment tu me manques mon beau.
     
    Pauvre petit mine,
    Tu ne seras plus là
    À chaque matin
    À te lécher les babines
    Pendant que  j'avale  ma toast au beurre de peanut 
     
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  • Un coeur qui ne bat que pour toi!

    C’était un lundi matin comme les autres. Éric se leva à l’heure habituelle. Il enfila sa routine matinale, se faufila dans un autobus bondé et à huit heures tapant, il poussa la porte de l’édifice du centre-ville qui abritait son lieu de travail. Après sa ronde fraternelle en compagnie de ses collègues devant la machine à café, il se glissa docilement à l’intérieur de son petit espace
    de travail, puis il démarra son ordinateur en admirant les souvenirs de  ses voyages accrochés à ses paravents. 

    Jusque là, tout baignait dans l’huile du rythme normal, d’une journée banale ayant la saveur d’un tic tac sans histoire. Une nuée de chiffres surchargea l’écran cathodique de l’ordinateur. Éric releva le défi de les dompter, les interpréter et d’en tirer des déductions ne visant rien d'autre que d'enrichir les actionnaires de cette compagnie multinationale qui daignait lui faire la charité de l’embaucher, comme aimait si bien lui rappeler son patron.  

    Tout à coup, le coude d’Éric se buta contre une boîte savamment emballée et bien enrubannée. Que forniquait ce petit présent de roi mage au milieu de la grisaille de sa paperasse?  Il devait y avoir erreur sur la personne!  Éric ne recevait jamais de cadeaux, même pas à son anniversaire qui, de toute façon, était passé date depuis plusieurs mois. Cette simplicité n’était pas volontaire. Il était un grand solitaire depuis qu’il avait tourné le dos à sa cellule familiale d’origine suite au divorce de ses parents qui avait tout sabordé sa vie. 

    Si ce gage ne lui appartenait pas à qui donc était-il dévolu?   

    Éric abandonna le cadeau à son triste sort.  Il détourna sa tête et il recommença à surfer sur les colonnes de chiffres qui garnissaient l’écran de son ordinateur.  Au bout de quelques minutes, son regard revint se poser sur la boîte multicolore qui décorait son bureau.  C’était plus fort que lui.  Il imagina, ne serait-ce qu’un tout petit instant, que le bel emballage déposé sur son bureau lui était vraiment destiné.  Une joie souveraine l’irradia de la tête aux pieds.  Puis il se ravisa!  C’était inutile de brouter du rêve puisque ce cadeau ne lui appartenait pas.  Il l’abandonnera bientôt comme l’ont fait ses parents en divorçant!          

    Éric retourna plutôt dompter la fidèle marmaille de chiffres qui envahissait l’écran de son ordinateur.  Impossible de se concentrer.  Son regard se riva automatiquement sur la boîte joyeuse qui trônait sur le désordre de ses dossiers.  Cette fois-ci, ses yeux effleurèrent une petite carte discrète où était inscrit : «  À Éric Laviolette.  Avec tout mon amour.  Un coeur qui ne bat que pour toi!»

    La surprise du message engendra un choc émotif d’une grande amplitude.  Son nom était bel et bien inscrit sur le colis.  Ça prouvait qu’il était à lui! 

    Son coeur s’emballa.

    Une femme l’aimait secrètement.  C’était romantique et pimenté à souhait! Était-elle grande, mince, bien sculptée, charmante, brune, blonde?  Éric sauta sauvagement sur le cadeau.  Puis, il calma son empressement préférant le déballer silencieusement afin de ne pas ameuter les oreilles indiscrètes du voisinage de son bureau. 

    Des fleurs!  Et une seconde carte. « Tu trouveras un pot empli d’eau à tes pieds pour y déposer ces fleurs que je te donne en gage de mon amour.»

    Éric fouilla sous son bureau.  La carte disait vrai : un pot empli d’eau attendait sagement le bouquet de fleurs.  Éric attrapa le pot et il glissa lentement les fleurs dans l’antre aqueux de celui-ci.  C’est à ce moment précis que Paul, l’un de ses bons copains entra dans son bureau sans crier gare, ni train!

    --Sacreboire!  Tu es rendu que tu apportes des fleurs au bureau,  déclara-t-il en hurlant assez fort pour que sa voix répande la bonne nouvelle d’un bout à l’autre de l’étage.

    Éric s’écrasa au fond de sa chaise.  Il aurait préféré ne pas ébruiter son aventure mais avec Paul, la culture de la discrétion était aussi complexe que de demander à un perroquet de se taire.

    --Ce n’est pas vraiment moi qui a emporté ces fleurs, déclara Éric. 
    Paul s’assit sur le bureau.

    --Attend un peu!  Éclaire ma lanterne!  Ce n’est certainement pas un ange descendu du ciel qui les a déposé ici, s’exclama-t-il en déroulant un regard farci de points d’interrogations.

    --C’est presque ça.

    Éric regretta sa franchise.  Mais, il était trop tard, le coup était parti.

    Pour en ajouter sur le malheur, Paul tomba sur la carte du «Coeur qui ne bat que pour toi».

    --Tu parles d’une histoire à dormir debout!  Les femmes d’aujourd’hui sont drôlement plus délurées qu’autrefois!  Ton aventure est drôlement excitante, s’amusa Paul en élargissant un sourire qui en disait long sur les taquineries qu’il préparait à la tonne.  

    --En effet, ton aventure est un très excitante, répétèrent une demi douzaine de collègues masculins et féminins qui s’alignaient autour des paravents d’Éric.  La rangée de sourires largement étirés qui étaient dominés par des yeux éclos indiqua que la nouvelle ne prendrait plus beaucoup de temps à se répandre comme une traînée de poudre.  

    --Merci Paul d’avoir semer la bonne nouvelle à tout vent, se dégonfla Éric en grimaçant.

    --De rien. Ce fût un plaisir, ironisa Paul juste avant de s’éclipser.

    Il va sans dire qu’à partir du moment la déclaration anonyme envoyée à Éric devint la coqueluche des discussions de tout l’étage. 
    Toutes les femmes du bureau furent soupçonnées d’être la dulcinée qui avait envoyé secrètement une déclaration d’amour fleurie.  L’enquête de certains détectives plus véreux frôla le harcèlement sexuel auprès de la gente féminine.  Éric devint de plus en plus déprimé d’être à l’origine du bing bang de tous les sarcasmes des conversations. Quelle journée, interminable, pénible et lancinante.

    Le soir venu, Éric fut heureux de s’engouffrer dans le petit fief douillet qui lui servait de logis.  Derrière la porte close de son jardin secret, il pu enfin laisser tomber la poussière des agaceries de ses collègues et repenser à son bouquet de fleurs.  Il était magnifique.  Un feu d’artifice de couleur sans verser dans l’excès.  La femme qui avait choisi un tel chef-d’œuvre devait verser rarement dans l’ennui.  Elle avait certainement une force de caractère qui pétaradait tout en dosant le feu de sa personnalité afin de ne pas écraser les autres.  Ces quelques déductions envoûtaient déjà Éric.  L’attirance était d’autant plus grande qu’il était entièrement conquis par le romantisme de la formule de la déclaration d’amour secrète qu’il avait reçue.  

    Que lui arrivait-il?  Éric alla se coucher sans trouver une réponse à cette question.  Il préféra se glisser au creux de ses rêves et imaginer qu’il surprenait sa mystérieuse amoureuse lorsqu’elle déposait un cadeau sur son bureau.  Il était derrière elle.  Sa silhouette était parfaite.  Il tapait sur l’épaule de la belle inconnue.  Elle se retournait.  Et c’était le cauchemar!  Son visage ressemblait au grand nez cornu et aux verrues d’une sorcière vraiment pas belle à voir.  La vision éveilla Éric à trois heures du matin.  Il fut incapable de s’assoupir à nouveau.  Le visage corrosif de la belle de ses rêves illustrait à merveille la maléfice de ses peurs face à l’amour.  Il n’avait jamais tenté de séduire une femme parce qu’il cultivait la certitude qu’un jour ou l’autre il allait la quitter, et il ne désirait pas qu’un deuxième divorce vienne hanter sa vie.  À venir jusqu’à présent, cette hantise était toujours parvenue à dégonfler ses ballons d’amour.  Pourquoi cette fois-ci le romantisme de la déclaration secrète de la belle inconnue occupait-il de plus en plus ses pensées?  Que lui arrivait-il?  Heureusement, son retour au travail évita à Éric de trop creuser en profondeur la vraie nature de ses sentiments.  En ce deuxième jour de la semaine, il fut accueilli par nouvelle boîte multicolore aussi splendide que la boîte de la veille.  Le message du «Coeur qui ne bat que pour toi» était toujours épinglé sur l’emballage.  En déballant son cadeau, Éric tomba sur un magnifique stylo en argent.  Ce deuxième incident surchauffa son cerveau.  Ces collègues ne lui laissèrent pas le temps de refroidir.  Ils tournèrent autour de lui comme des mouches autour d’un carré de sucre.  Ils poussèrent leurs déductions jusqu’à soupçonner que la mystérieuse auteure de la déclaration anonyme était peut-être une femme qui travaillait à l’entretien ménager de la bâtisse.  Éric détesta vraiment d’être devenu le point de mire de tous les questionnements de ses collègues.  Il faillit embrasser le sol lorsque la journée se termina et qu’il se réfugia une fois de plus derrière la porte close de son logis. Il ne savait plus à quel sentiment se vouer.  Mais, dans le fond, n’avait-il pas déjà fait son choix sans se l’avouer?  La réponse n’était-elle pas dans le stylo qu’il glissa sous son oreiller et dans le contenu de ses rêves qui ne rimait plus avec le  visage difforme d’une vilaine sorcière. 

    Le lendemain matin, le rituel de la boîte multicolore déposée sur le bureau continua sa ritournelle. Les cadeaux se succédèrent ainsi de suite jusqu’au vendredi matin .  À chaque fois une carte du «cœur qui ne bat que pour toi»  accompagnait la surprise du jour.

    Éric tenta de déjouer le stratagème de la flamme amoureuse qui déposait les colis parfumés d’amour sur son bureau.  Un bon matin, il arriva plus tôt qu’à l’habitude afin de la surprendre la main dans le sac. 

    Rien à faire, le colis arriva avant lui. 

    Un autre soir, Éric fit semblant de partir puis, il revint sur ses pas au bout d’une heure.  Toujours impossible de pincer la moindre ombre de la main qui déposait le colis sur sa paperasse!

    L’apparition des cadeaux demeura un mystère impossible à déjouer au grand dam d’Éric qui demeura le meilleur prétexte des gorges chaudes de ses collègues.  Le patron tenta tant bien que mal de contenir les excès de ses employés.  Inutile, le tapage du cancanage ne se résorba pas.  Éric devint l’étoile montante vers le sommet de la gloire des conversations de toute la compagnie.  Pourtant, il aurait tant préféré être aussi peu visible qu’un atome.

    Au fil des jours, Éric tomba de plus en plus sous le charme du côté inusité de son aventure amoureuse.  Il en vint même à arriver au bureau le coeur bondissant à l’idée qu’un nouveau cadeau attendait patiemment la venue de sa caresse. 

    Finalement, il cessa de manger.  Il cessa de boire.  Ses yeux devinrent plus clairs.  Son visage rayonna.  La vie devint moelleuse comme s’il marchait sur des nuages.  Les agaceries de ses collègues coulèrent comme sur le dos d’un canard. Bref!  Éric tomba définitivement en amour avec la mystérieuse inconnue dont le coeur ne battait plus que pour lui.  Son célibat commença à le mettre à l’étroit.  Éric envisagea même l’idée saugrenue d’accepter une demande en mariage de la part de son inconnue. 

    Décidément, il était vraiment tombé sur la tête!

    L’amour!  L’amour!

    Une seule ombre plana sur le tableau de son bonheur.
    Allait-il un jour pouvoir rencontre cette femme qu’il aimait? La réponse à cette question ne tarda pas à se pointer le bout du nez.

    Le vendredi soir au retour du travail, Eric remarqua que quelque chose clochait dans le courrier qu’il venait de déposer sur la table de sa cuisine.  Bizarrement, son regard revint vers une lettre qui trônait sur la pile des factures.  L’enveloppe ressemblait étrangement aux coloris des emballages des cadeaux qu’il recevait à son bureau.  Elle dégageait le même parfum. De ni un, ni deux, Éric sauta sur l’enveloppe.  Il l’éventra.  Et hop!  Il tomba sur une carte sur laquelle était inscrit : «Mon amour, je serai chez toi à huit heures précises ce soir.  Je m’émerveille déjà à l’idée de te rencontrer.  Un coeur qui ne bat que pour toi»

    Huit heures! 

    Éric céda à la panique. 


    Il disposait d’à peine une heure pour dompter la pagaille de son logis et se préparer à recevoir la femme de sa vie!
    Il aurait fallut un miracle pour y arriver!

    Eh bien, croyez-moi, croyez-moi pas, Éric parvint à accomplir le miracle tant attendu.  La preuve une fois de plus, que l’amour peut déplacer des montagnes et même davantage. Éric disposa même d’un peu de temps libres pour concocter le décor idéal d’une rencontre amoureuse : chandelles, coupes, bouteille de vin, musique d’ambiance, éclairage tamisé...   Il eut même le loisir d’attendre, attendre et attendre!
    Il ne voyait plus l’heure de voir venir la position des aiguilles de sa montre sur huit heures tapant.  Eric s’installa confortablement sur son divan pour tuer le temps et s’endormir.

    Son ascension vers le monde des rêves fut brusquement interrompue par les «toc, toc, toc» de quelqu’un qui frappa à la porte de son logis.

    Éric songea à s’enfuir ou à  ne pas répondre. 

    Une deuxième rafale de poings s’abattit sur la porte du logis.

    Éric céda à l'idée de s’approcher de la porte. Le rythme de ses pas s'affolèrent.  Il plaça sa main sur la poignée de la porte. Il hésita, songea à ne plus bouger. Finalement la curiosité le poussa à tirer nerveusement la porte.

    -Surprise!! Déclara une voix masculine.

    Pour une surprise, c’en fut toute une!
    Éric resta la bouche ouverte prête à avaler toutes les mouches disponibles.  La belle inconnue qui l’aimait secrètement était nul autre que son bon copain Paul. 

    Le ballon de l’amour se dégonfla d’une claque!

    Éric s’enragea.  Il passa à deux doigts de placer un coup de poing entre les deux yeux de son copain.  Le sans génie!  Au lieu d’inventer le scénario de la belle inconnue qui meurt d’amour pour lui, Paul aurait dû lui demander poliment s’il était homosexuel.  Éric aurait répondu non et les choses en seraient restées là.  Il ne serait pas demeurer mauvais copain pour autant. 

    -Poisson d’avril!  Entonna Paul pendant qu’Éric blanchissait devant la perspective d’avoir à faire l’amour avec son copain!

    Éric tourna la tête vers le calendrier accroché au mur à côté de la porte d’entrée.  Paul avait raison c’était aujourd’hui le premier jour du mois d’avril.

    Ce coup-ci, Éric passa vraiment à deux doigts de placer un coup de poing entre les deux yeux de son copain mais, une voix féminine, placée derrière Paul scanda à son tour «Poisson d’avril!»
    -Je te présente ma sœur, informa Paul.  Je lui ai tellement parlé de toi qu’elle mourrait d’envie de te rencontrer, ajouta-t-il.

    Le geste donna l’absolution au poisson d’avril manigancé par Paul.

    C’est ainsi qu’Éric appris que c’était la sœur de Paul qui avait eu l’idée des petits cadeaux mystérieux et de la déclaration secrète «d’un coeur qui ne bat que pour toi».  Ce qu’elle ne savait pas, c’était qu’Éric tomberait dans le piège de l’amour aussi facilement.  Mais, ce qu’elle ne savait surtout pas, c’était qu’elle tomberait en amour avec l’homme qu’elle avait taquiné.

    J'ai modifié la version de mon texte original en éliminant le dernier paragraphe pour suivre le conseil judicieux d'un lecteur (voir commentaire).
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